Un bond dans le passé pour les femmes afghanes ?

Les talibans reviennent au pouvoir de l’Afghanistan en 2021 et emportent avec eux tous les droits acquis par ces femmes.

Des manifestations menées par des femmes

En à peine 10 jours, les talibans ont repris le pouvoir en Afghanistan, vingt ans après la chute de leur régime. Ce court reportage, filmé à Kaboul, montre des jeunes femmes activistes féministes manifestant pour défendre les droits acquis au cours de ces vingt dernières années. Depuis le 9 septembre 2021 les manifestations sont soumises à un accord préalable du ministère de la justice ce qui a eu pour effet d’en réduire leur nombre. Ces femmes craignent le déclin de leurs droits et libertés fondamentales. Elles ne font pas confiance aux talibans qui promettent qu’elles pourront continuer de travailler et d’étudier librement : elles ne veulent pas disparaître de la société.

Une génération qui ne se laisse plus faire

En 1996, aucune femme ne s’était opposée aux talibans, par peur, puisque le droit de manifester n’était pas encore « reconnu ». Aujourd’hui, la nouvelle génération de femmes manifeste face à des islamistes armés et compte bien se faire entendre. Ces cortèges ne comptent que des femmes très jeunes qui n’ont pas connu le régime des talibans, c’est sûrement pour cette raison qu’elles osent s’opposer à eux. En effet, les générations plus anciennes gardent des séquelles de leur passé et savent que les talibans sont capables du pire. Les talibans sont contre de telles manifestations.

Manifestation Kaboul
Manifestation à Kaboul

Des revendications légitimes

Ces femmes ont fait, pour la plupart, de longues études et souhaitent pouvoir exercer différents métiers : dentiste, professeur... On voit alors que les mentalités changent, elles ne souhaitent plus être une « femme au foyer », elles s’émancipent de l’homme. Pourtant, malgré les belles paroles des talibans, elles ne peuvent pas retourner au travail à l’heure actuelle, ils prétextent alors que les femmes ne seraient pas en « sécurité ».
Ces femmes souhaitent également pouvoir s’habiller librement (ne pas porter le voile intégral) et ne pas être sous l’autorité d’un chaperon.
On peut dire qu’elles souhaitent conserver leur indépendance.

Les premières mesures régressives

Avec ces rassemblements, elles veulent interpeller la communauté internationale sur les mesures déjà décidées par le gouvernement. Le 5 septembre 2021 marque le premier pas dans la régression des droits : la fin de la mixité au sein des établissements scolaires. Dans les classes les hommes et les femmes sont assis de part et d’autre d’un rideau. Les femmes doivent porter une abaya (voile couvrant le corps) et le niquab (voile couvrant les cheveux et le visage). Pour éviter les échanges, les femmes sortent de la pièce après les hommes.

Hommes et femmes dans une salle de cours
Hommes et femmes dans une salle de cours

Depuis le 8 septembre 2021 les afghanes sont interdites de sport à cause de la tenue qui montre « trop » leur corps et leur visage. La dernière mesure prise : les femmes ne sont pas représentées au sein du gouvernement alors que les talibans avaient promis un gouvernement inclusif.
Les talibans ne souhaitent pas que ce qui se passe en Afghanistan soit divulgué aux yeux du monde entier. C’est ainsi que des journalistes ont déjà pu être frappés violemment et mis à part des cortèges.
Le reportage se termine par une scène assez « violente » de la dispersion des manifestantes et cela peut nous laisser penser que leurs promesses ne seront peut-être pas respectées. À l’heure d’aujourd’hui, on déplore des décès liés à ces dispersions lors des manifestations.